Ginette Kolinka et 6 classes de 3ème : la passeuse de mémoire

Jeudi 22 décembre, à l’initiative de l’agglomération de Lisieux, des classes de 3ème des collèges de secteur avaient la possibilité de rencontrer Ginette Kolinka, bientôt 99 ans, déportée à Auschwitz- Birkenau, qui depuis 20 ans ne cesse de témoigner dans les collèges de la folie de l’idéologie nazie et du racisme en général et de son vécu dans les camps de concentration et d’extermination.

Cette rencontre a permis à 6 classes de 3ème du collège Gambier d’alimenter le thème 3 de leur programme d’histoire : « La seconde guerre mondiale : une guerre d’anéantissement ».

Pendant 1 heure 30, cette voix identifiable entre tous se lance d’un trait dans son récit, sans prendre de pause, comme pour souligner l’urgence à parler, car le temps passe et il y a de moins en moins de survivants. Parmi les phrases et moments forts :

 « Mon père avait 61 ans, mon neveu 14 ans et mon frère 12 ans. Mon père n’aura jamais 62 ans, ni mon neveu 15 ans et mon frère n’aura jamais 13 ans. »

Elle demande à tous les jeunes de moins de 15 ans de se lever, ce qui représente la majorité du public. « Hitler vous aurait tous tués, car à moins de 15 ans, on est incapable de travailler ».

« J’ai vu les fours crématoires, il fallait faire disparaître toutes les traces, et les squelettes étaient des traces ».

« 13 mars 1944 : je rentre chez moi. Trois hommes que je ne connais pas sont avec mon père, mon frère et mon neveu. Deux sont en noir, manteau en cuir noir et chapeau noir ; c’est la Gestapo. Nous avons été dénoncés non pas parce que nous sommes juifs mais parce que nous sommes communistes. »

« A Auschwitz, un médecin nous évaluait : les aptes au travail à droite, les autres à gauche direct dans un camion. J’ai dit à mon père, mon frère et mon neveu de monter dans le camion, comme ça ils pourraient se reposer. Je ne savais pas que je les envoyais à la mort. »

« Je ne sais plus ce que c’est que de pleurer » "Je ne sais plus m’apitoyer".

« On ne reverra pas papa et Gilbert, ils sont morts gazés et brûlés à Auschwitz. Voilà comment j’ai appris à ma mère la mort de son mari et de son fils ! »

Revenir à Birkenau ? « C’est très dur de retourner là-bas et de voir des gens l’été en short, comme si c’était un lieu de distraction ! Après la guerre, des polonais ont racheté des terrains pour construire leur maison et le terrain de jeu de leurs enfants. Au même endroit, des enfants juifs avaient été désignés pour être tués. Ca n’aurait jamais dû être permis »

Elle conclue : "On n’a plus le droit de détester quelqu’un parce qu’il n’a pas la même couleur de peau ou la même religion. Tout le monde a le droit de vivre !"

Quelques photos de cette journée marquante :

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