Le conflit russo-ukrainien vu par les 1 HGGSP et les THGGSP Les Ateliers de l’info

Le 24 février 2022 débutait l’invasion de l’Ukraine par la Russie. A l’approche du deuxième anniversaire de ce conflit, 2 classes de 1HGGSP et 2 classes de THGGSP l’ont analysé au prisme des thèmes imposés dans leur programme.

Ainsi, les 1HGGSP2 ont travaillé sur le thème 4 : "Informer en temps de guerre".
Les 1HGGSP3 ont travaillé sur le thème 2 : "Les Puissances".
Les 2 classes de THGGSP ont travaillé sur le thème 2 : "Faire la guerre, faire la paix : formes de conflits et modes de résolution".

Etape 1 : dans le cadre des Ateliers de l’info (partenariat entre la Médiathèque de Lisieux et la Bibliothèque départementale du Calvados), une exposition photographique intitulée "Le siège de Marioupol", réalisée par Eugeniy Maloletka, lauréat de Prix Bayeux des reporters de guerre en 2022, était installée au CDI du lycée Gambier. Les élèves répartis en binômes se sont approprié une photo de l’exposition et devait répondre à une question qui leur était imposée.

Etape 2 : pour répondre à leur question de manière argumentée et sourcée, ils devaient faire des recherches documentaires au CDI, en s’appuyant uniquement sur les périodiques du fonds documentaire et sur Europresse (Le Monde, Le Monde diplomatique, Courrier International, Libération, Le Figaro).

Etape 3 : écrire leur réponse argumentée, l’enregistrer et créer un QR code de leur enregistrement.

Pour voir l’exposition et écouter les travaux des élèves, cliquez sur ce lien qui renvoie au Genially : ici

Etape 4 :
Le jeudi 18 janvier, de 8h à 10 h, les élèves qui ont réussi à braver la neige ont formé des tables rondes de différents niveaux pour croiser leurs informations, leurs notions et constituer des cartes mentales.

Quelques photos de ce moment d’échanges croisés entre les 1ère et les Terminales :

De 10h à 12 h, en salle Jean Massot, les élèves présents mais aussi ceux qui n’avaient pas pu faire le déplacement (en visio) ont eu l’opportunité d’écouter et échanger avec Pierre Alonso, journaliste correspondant à Kiev en Ukraine, depuis 2 ans. Après avoir contextualisé le conflit sur une carte, le journaliste s’est livré au jeu des questions-réponses avec les élèves sur sa formation et son métier de journaliste mais aussi et surtout sur des sujets géopolitiques qu’ils avaient préparés en amont.

Une synthèse de cette rencontre est également sur le Genially,
ici

Vous pouvez suivre Pierre Alonso à travers sa newsletter : https://ladeflagration.substack.com/
Dans son dernier billet, il évoque sa rencontre avec les élèves et les réflexions que lui ont inspirées certaines questions. A lire également dans le Genially.

Quelques photos de cette rencontre :

Pierre Alonso. La Déflagration #13. "On va aller à la guerre nous aussi ?{{}}
"La médiathèque de Lisieux m’a invité en complément d’une exposition du photographe Evgeniy Maloletka sur le siège de Marioupol. Jeudi matin, j’étais donc dans un lycée du centre-ville de Lisieux, et jeudi après-midi dans un lycée agricole un peu perdu dans la campagne environnante.

Dans les deux cas, des élèves m’ont demandé si j’avais déjà été censuré ou m’étais déjà auto-censuré. La question est plus retorse qu’il n’y paraît : nier sans nuance, c’est rater l’occasion de parler des restrictions au métier de journaliste (en Ukraine, en France et ailleurs) ; abonder trop fortement, c’est prendre le risque de nourrir la défiance et le complotisme, et surtout ce serait faux, car j’ai la chance de travailler et d’avoir toujours travaillé dans des rédactions qui respectent le journalisme.

S’agissant de l’Ukraine, je ne crois pas m’être jamais censuré, sinon pour des informations relevant de la “sécurité opérationnelle” : les coordonnées précises d’une position sur le front ou d’un hôpital de campagne, les identités de soldats et de civils… Est-ce de la censure ? Pas au sens où on l’entend mais ce sont tout de même des informations qu’on se refuse à publier. Il est donc bon d’expliquer pourquoi. Parce qu’elles n’ont qu’un intérêt public mineur voire nul. Savoir qu’un hôpital de campagne est sous tel bâtiment de telle rue dans telle base arrière n’apporte rien, mais fait courir des risques à ces militaires. Du reste, des restrictions similaires, et parfois plus exorbitantes, sont exigées par l’armée française, sans que personne ne s’en émeuve.

Les élèves m’ont aussi interrogé sur la propagande. Là aussi, c’est moins simple qu’il n’y paraît. Il n’y a aucun symétrie entre la Russie et l’Ukraine, en aucune matière et surtout pas dans le discours sur la guerre : Moscou crée une réalité parallèle (le mot guerre est même proscrit) tandis que Kyiv fait grosso modo la même chose que les autres démocraties, en arrangeant la vérité, parfois en s’en éloignant un peu trop (le journal télévisé unique contrôlé par le pouvoir est contrebalancé par l’intrépide et dynamique presse en ligne).

Puis un élève m’a demandé pourquoi Poutine voulait éradiquer l’Ukraine et son identité. Là, j’ai eu un moment d’hésitation. “Est-ce que vous avez de la famille en Ukraine ?” Non, il ou elle n’en avait pas. J’étais un peu stupéfait. Un ami m’a récemment dit cette phrase, que je trouve très juste et brillamment énoncée en si peu de mots : “Experience beats propaganda”, qu’on pourrait traduire par “le vécu l’emporte sur la propagande”. Sans faire l’expérience directe de cette guerre, cet élève de 16 ou 17 ans à Lisieux en a compris l’enjeu existentiel pour l’Ukraine. C’est rassurant sur l’information qui lui parvient, et montre en même temps que ces ados grandissent avec la guerre, même à quelques milliers de kilomètres.

“Est-ce qu’on va devoir aller à la guerre nous aussi ?”, ont demandé des élèves du lycée à leur prof l’année dernière. Je crois que personne de ma génération ne s’est jamais posé sérieusement la question. Les futurs adultes de Lisieux, et d’ailleurs, ont intégré l’hypothèse de la guerre. Leur interrogation a infiniment plus de réalité que les imprécations du président français sur le réarmement de ceci ou de celles-là, qui sonnent comme ce prospectus pour le musée Batterie de Merville qui promet un “son et lumière [pour] vous plonger quelques minutes dans l’enfer des bombardements”."

Bravo aux élèves pour leur travail et leurs questions pertinentes et un grand merci à Pierre Alonso pour cette rencontre.

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